Lorsqu'il parle du Goncourt des lycéens, le
visage de Matthieu Mahéo s'illumine. Lui, qui
témoigne aujourd'hui à Rennes, au moment où
le prix fête ses vingt ans, était élève de
1ère
L au lycée Lesage à Vannes en 1995. Sa classe
participe alors au 8ème prix. Très vite les
élèves se prennent au jeu. " C'est
après que l'on a mesuré le caractère exceptionnel
de l'aventure ."
Matthieu Mahéo ne connaissait pas grand-chose
à la littérature contemporaine avant le lycée.
" J'aimais lire,
surtout des classiques : Zola, Maupassant..."
Mais à partir de cette année-là, grâce à son
professeur Anita Kervadec, il avalera
en trois ans une trentaine de romans contemporains.
" Je n'ai jamais
arrêté depuis. J'aime la rentrée littéraire
, lire les romans dont on parle
dans la presse ". Son livre de chevet
: le dernier Philippe Claudel , Le rapport
de Brodeck, en
lice pour le Goncourt 2007. Et il attend tous
les ans avec curiosité le prix attribué par
les lycéens : " Ils
ont un choix plus exigeant que les académiciens "
Il y a deux ans, un repas a réuni une grande
partie des élèves de cette classe. " Notre
prof était là. Et on a reparlé du Goncourt,
fait circuler des photos de l'époque."
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Aujourd'hui, Matthieu Mahéo, installé en
Ille-et-Vilaine, est professeur de français. " La
plupart de mes camarades de Goncourt sont profs
aussi, en français, philosophie, histoire.
Pourtant, on était pas une classe Camif
( classe d'enfants d'enseignants ). d'autres
travaillent dans l'édition, en librairie. "
Matthieu Mahéo se souvient des rencontres avec
les auteurs , " avec
Vassilis Alexakis qui nous avait montré ses
manuscrits. C'était la première
fois que l'on voyait un auteur vivant. Au moment
de rédiger les critiques, il y avait des désaccords
profonds autour des livres , mais toujours
un vrai dialogue. On avait le droit aussi de
dire
qu'un roman était ennuyeux. Ce n'était pas
le cas quand on étudiait Rousseau ou Voltaire."
En 1995, c'est André Makine avec Le
testament français qui décroche
le prix. Et c'est sur un de ses textes que
Matthieu tombe à l'oral du
bac de français." Ca
a plu à l'examinateur. C'était original. Et puis,
on avait beaucoup à dire" Le
jeune lycéen décroche un 17/20. Enseignant en
collège à Broons, à mi-chemin entre Rennes et
Saint-Brieuc, Matthieu Mahéo espère un jour faire
le Goncourt en tant que professeur : " Tout
ce qui peut donner envie de lire aux élèves mérite
d'être tenté."
Agnès Le Morvan
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